28 juin 2006

Poussière


Une parcelle de poussière contient tout l'univers.
Quand une fleur s'épanouit le monde entier se révèle.
"Brindille" Zen japonais
En ces temps annonciateurs de vacances et donc souvent synonymes de départs, je vous souhaite de découvrir la poussière avec un regard neuf.
Sur les sentiers et dans les villes, de si petites choses contiennent de si grands trésors ...
à partager!
N'hésitez pas à les noter pour en parler à votre retour; ainsi le voyage se prolonge et donne vie et ... envie.

20 juin 2006

Solstice

Une fois n'est pas coutume, je vous livre un texte si beau que je ne peux le réduire. Il est écrit par Marie Gevers dans "Plaisir des Météores".

Le 21 juin est donc une date très importante. Si le printemps fut une montée, une poussée de plus en plus impétueuse, nous voici arrivés au bout, et c’est bien en ce moment-ci que la saison bascule : la chaleur augmente, la canicule l’accentue encore, la nature semble de plus en plus opulente, mais l’été n’en est pas moins, après le vol nuptial du blé, après l’écroulement des herbages, une saison descendante, comme le soleil.
Tout comme la Saint-Thomas d’hiver, la Saint-Jean d’été est pleine de mystère…
Or, si les papillons de neige sont les symboles fugitifs de Noël, le plus rare des papillons de nos étés symbolise à mes yeux la nuit de l’unique rencontre du printemps et de l’été : c’est la vanesse Antiope. Ses ailes, d’un violet profond, sont toutes bordées de blanc. Une nuit de Saint-Jean sans lune est, elle aussi, veloutée et frangée de clarté, une vague lueur erre toute la nuit à l’horizon, car le soleil frôle l’obscurité, dans sa course oblique de quelques heures. La nuit, posée aux fleurs des étoiles, atteint à peine le zénith, que déjà, fatiguée, elle bat des ailes et disparaît. Antiope, reine des Amazones, est de nouveau vaincue par le solaire Hercule.
Nous voici donc debout, à minuit, au solstice d’été, dans une plaine cultivée. Regardons le ciel. Dès maintenant, nous nous rapprochons de l’automne. Et nous pensons à cette paysanne qui disait : « Après les foins, tout est fini…
- Tout est fini… quoi ?
- Tout !...
Elle ne savait pas s’expliquer, mais moi je la comprenais : fini tout ce qui est prévoyance, en épousailles, en devenir, en espérances, tout ce que l’on peut attendre. La nuit de la Saint-Jean est une nuit de renonciation. A partir d’aujourd’hui, il nous faudra quitter peu à peu tout ce que nous a donné la lumière ; consommer un à un les fruits qui nous furent promis, et s’ils furent mal fécondés ou mal conçus, s’ils ont raté, tant pis ! il est trop tard pour recommencer. Arrivés à ce sommet de lumière, de parfums, d’abondances, il faut accepter que chaque jour, désormais, nous en reprenne quelque chose. Oui, les foins sont rentrés, et bientôt les moissons seront faites, les seigles, puis les froments, puis les pommes de terre… Oui, la nuit de la Saint-Jean, cette immense, cette unique vanesse Antiope bleu foncé, bordée d’aurore, s’est envolée.
Ainsi cette fête miraculeuse du solstice est une promesse d’obscurité, comme la fête de Noël est une promesse de lumière. Le soleil d’aujourd’hui dit : je pars, et le soleil du 21 décembre dira : je reviens.
Je vous le laisse méditer ... je reviens

16 juin 2006

Nom


Pour se lever et se mettre en route, il est souvent besoin d'être appelé par son nom. Si nul ne pense à moi, si nul n'a besoin de moi, je cesse d'avoir confiance en moi, d'exister pour moi et pour les autres.
Colette Nys-Masure dans Célébration du quotidien.

Je suis là toute proche et pourtant il t'arrive de ne pas m'entendre. Je t'appelle mais trop de choses t'encombrent et font obstacle à ma voix. Le chemin t'attend caché dans les broussailles que tu as laissé envahir. Debout, amie, reprends tes outils pour soigner ton bout de jardin et partage-nous ta cueillette ...

09 juin 2006

Et je serai pour vous, un enfant laboureur ...


Et je serai pour vous, un enfant laboureur
Qui fait vivre sa terre, pour vous offrir ses fleurs,
Ses fleurs
Et vous pourrez venir, vous reposer tranquilles.
Comme on donne une fleur, je vous laisse mon île.
Barbara.

reprise par Gabriel Ringlet dans son nouveau livre.
Une soirée estivale dans le jardin d'une librairie uccloise, Paul Damblon et Gabriel Ringlet nous présentaient ces mots choisis qui allaient retourner notre terre en jarchère...

06 juin 2006

Songe


Je n'avais encore jamais vu un sourire aussi immuable et je me demandais si elle l'enlevait pour dormir...
Romain Gary dans Clair de Femme
L’homme descend du songe, a-t-il dit ! Et je me suis laissée porter par ce songe.
Je me retrouvais dimanche, en randonnée dans la campagne s’ébouriffant sous le soleil printanier. Il faisait bon, enfin, après tant de journées pluvieuses et fraîches. Tout le monde en profitait, les hommes, les plantes, les oiseaux... Les coquelicots s’éclataient sur les verts tendres. Chacun faisait connaissance tout en découvrant le chemin. La journée était pleine d’inconnu(e)s; la vie s'ouvrait au fil des paysages.
Et je repensais à ce livre si beau de Romain Gary